Le PER est en vogue et s'avère être un des placements préférés des Français. La période idéale de souscription arrive en grand pas et beaucoup d'entre vous ouvriront un PER ou alimenteront celui qu'ils ont déjà. Le placement permet aujourd'hui d'accéder à une multitude de supports financiers avec des frais qui ne sont pas exorbitants si on sait bien le choisir (voir la formation "quel est le meilleur PER"). Il permet de répondre à de multiples objectifs comme la préparation de la retraite, la diversification du patrimoine, mais surtout la baisse de l'impôt. En effet, le principal argument de vente, et qui s'avère être quasi systématiquement la motivation de l'épargnant, est la possibilité de déduire les sommes placées sur le PER de son impôt. Et pourtant, je vois de nombreux dossiers où le contribuable ne peut pas bénéficier de cette niche fiscale sans s'en rendre compte ! La déduction PER est sur l'avis d'impôt, dans la bonne case, semble diminuer l'impôt... mais n'a en fait aucune utilité ! Un aspect technique totalement négligé par les vendeurs de produits et qui fait que votre investissement devient alors totalement contre-productif.
Sommaire
- La déduction d’impôt du PER : un choix impactant pour le futur.
- Une déduction PER qui fonctionne sur l’avis d’impôt mais sans impact sur la fiscalité finale.
- Exemple d’une déduction PER inutile à cause d’une réduction Pinel.
- Comment vérifier l’impact réel du PER et réagir sur un mauvais investissement ?
La déduction d’impôt du PER : un choix impactant pour le futur.
L'argent que vous placez sur le PER permet d'avoir une déduction fiscale l'année suivante. Il est important de noter deux choses pour éviter le piège qui est tendu :
- C'est une déduction et non une réduction. Cela signifie que le montant va s'enlever de vos revenus AVANT le calcul de l'impôt.
- C'est un choix. Vous pouvez tout à fait opter pour le PER et refuser la déduction fiscale.
Le choix est primordial, car l'impôt à la sortie sera complètement différent selon que vous avez profité de l'avantage fiscal à l'entrée ou non. Évidemment, ceux qui ont eu la déduction fiscale à l'entrée auront un gros inconvénient à la sortie : le capital reçu lors du déblocage sera imposé. A l'inverse, les rares personnes qui ouvrent un PER sans profiter de la déduction immédiate ne subiront l'impôt à la sortie que sur la plus-value, c'est une différence énorme.
Sachant cela, que diriez-vous si vous n'aviez pas l'avantage à l'entrée ET que vous vous fassiez pourtant manger de la mauvaise façon à la sortie ? Figurez-vous que ce cas de figure arrive plus que régulièrement pour les investisseurs PER à cause d'un mauvais conseil ou d'une méconnaissance technique sur le calcul de l'impôt.
Une déduction PER qui fonctionne sur l’avis d’impôt mais sans impact sur la fiscalité finale.
Le problème va être le suivant. Les investisseurs seront orientés vers le PER afin de profiter de la déduction. Ils auront les salaires suffisants pour que la déduction marche. Ils vont donc bien remplir la case pour avoir la niche fiscale, ils verront la déduction sur l'avis d'impôt avec la baisse de l'impôt qui va bien. Jusqu'ici tout est ok : on a l'avantage à l'entrée et c'est donc normal de se faire manger à la sortie.
Sauf qu'il ne faut pas oublier qu'une fois l'impôt calculé après imputation des déductions, on enlève les réductions d'impôt. Ces dernières sont différentes, on les retire de l'impôt final après calcul et elles sont perdues si non utilisées. Dans les réductions fréquentes, on a les dons, les frais pour maison de retraite mais surtout tous les dispositifs immobiliers : Duflot, Scellier, Pinel, Denormandie....
On a donc des gens qui ont un impôt faible ou proche de 0 grâce aux réductions d'impôts malgré des revenus conséquents et une tranche fiscale de 30% ou plus. Ces personnes sont orientées vers le PER puisque la plupart des professionnels retiennent de manière simpliste que "la déduction du PER est conseillée si le client à une tranche à 30% ou plus". Eh bien pas du tout, oubliez cette phrase ! De manière générale, toute personne qui a un Pinel, Scellier ou dispositif immobilier défiscalisant a de grandes chances de diminuer son impôt via la déduction du PER... MAIS que cet impôt ne soit plus suffisant pour absorber la réduction Pinel ou autre. Cette dernière est alors perdue et la baisse fiscale via le PER a été inutile. Voyons un exemple illustré, pour y voir plus clair, je rencontre ce cas de figure plusieurs fois par semaine.
Exemple d’une déduction PER inutile à cause d’une réduction Pinel.
Prenons le dernier exemple en date, proche de ce que je viens de voir. Mr et Mme Corrigetonimpot ont deux enfants et gagnent chacun un salaire imposable annuel de 40 000 €. Ils ont fait un Pinel qui leur procure une réduction d'impôt de 4 600 € chaque année.
Avec 80 000 € de salaires, ils sont dans une tranche à 30% et leur impôt cette année est de 4 654 €. Leur conseiller financier les a invités à faire un PER en fin d'année dernière. Ils ont placé 5 000 € chacun et envisagent de recommencer chaque année. Que se passe-t-il sur l'avis d'impôt 2024.
Le salaire imposable avec l'abattement de 10% est de 80 000 - 80 000 * 10% = 72 000 €.
Avant calcul de l'impôt, on déduit le PER. Le revenu imposable est 72 000 - 10 000 = 62 000 €.
L'impôt calculé est donc de 3 049 €. Cet impôt est ensuite annulé par la réduction Pinel de 4 600 €. Le reliquat entre 3049 et 4600 est perdu.
Mr et Mme sont contents et voient bien le PER apparaitre. Mais sans le PER, le résultat était identique.
Le salaire imposable était de 72 000 €. Cela donne un impôt de 4 654 €. La réduction Pinel arrive ensuite et l'impôt est donc de 4654-4600 = 54 €. J'ai arrangé l'exemple pour que ce soit limpide...car quand l'impôt est inférieur à 61 €, on ne paie rien.
Ce couple avait donc un impôt nul. Ils ont fait un PER de 10 000 € qui n'a eu aucun impact. Ce PER a annulé l'impôt d'une autre manière et comme il s'applique avant, c'est lui qu'on visualise. Mais sans le PER, l'impôt aurait été annulé autrement ensuite par la réduction. Toutes les personnes dans ce cas subissent de toute manière un gain fiscal via le PER ridicule par rapport aux simulations faites par le conseiller financier s'il ne tient pas compte des réductions.
Mais le PIRE : la déduction du PER a été demandée et figure sur l'avis d'impôt ! Malgré l'impact nul, la déduction s'applique quand même ! De fait, à la sortie du PER, l'administration retient qu'on est dans la situation où l'avantage fiscal a été demandé initialement. Tout le capital retiré sera donc imposé au bout ! Rien ne va ! Si vous vous reconnaissez dans cette situation, voyons comment réagir et corriger la situation pour avoir au moins l'avantage au terme : une imposition uniquement sur la plus-value du PER et non pas sur tout le placement.
Comment vérifier l’impact réel du PER et réagir sur un mauvais investissement ?
La lecture de cet article est réservé à mes abonnés et mes clients. Cet engagement me permet de vous donner des conseils totalement indépendants en étant le plus neutre et éthique possible.
Découvrez mon fonctionnement et le principe de l’abonnement pour un accès illimité à toutes les ressources sans engagement.